Moon de Cyrille Pomès

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Moon de Cyrille Pomès

Moon le roman graphique qui nous intéresse ici est sortie le 23 mars 2022.

Moon est réellement ce qu’on appelle un roman graphique, l’objet, le livre est beau, il épais, avec couverture épaisse graphiquement aboutie et un volume de lecture important c’est quand même 168 pages de lecture.

Vous allez voir on ne s’ennuie pas.

Et puis, l’histoire qui est une tranche de vie d’un certain nombre de personnages qui vont se croiser, se rencontrer, s’apprivoiser et se parler.

Cela se passe dans une station balnéaire. Imaginez, un village en bord de mer. Un village transformé par le dieu du tourisme en lieu d’accueil pour ses brebis touristes. Des vacanciers de la France entière compressés dans leurs voitures, avides de loisirs et tartinés de crèmes solaires.

C’est ainsi que commence l’histoire, un village débordant d’une population bigarrées, grasses, bruyante, ne s’intéressant pas aux locaux mais avides de sensations fortes, de fêtes foraines, de plages et de campings.

Les locaux, les indigènes, attention ce n’est pas insultant le mot indigène au contraire, l’indigène c’est celui qui est originaire du pays, qui en possède la langue, les coutumes, les usages, l’indigène c’est celui qui reste quand les touristes s’en vont.

Ce roman nous parle de cette vie des indigènes, des locaux, nous allons les appeler, les habitants.

La vie des habitants quand la saison se termine et que les grands centres, la fête foraine la piscine quand tout cela ferme ses portes pour attendre langoureusement la saison prochaine et son lot de flots de touristes.

Les habitants qui nous intéressent ici ce sont les jeunes qui les vacances terminées, les touristes partis, retournent à l’école et à leur vie monotone.

Il y a Luna et Mel, Tom et Cosmos, et tous les jeunes du village qui pour agrémenter leur monotonie sont le nez collé sur leur téléphone portable. Passant, le plus clair de leur temps à se faire des selfies pour les commenter sur les réseaux sociaux. C’est tout ce qui leur reste du brouhaha de l’été touristique, le silence du bord de mer et les clics de leur téléphone portable.

Nos deux personnages clés sont Luna et Cosmos, Luna c’est la populaire du lycée, tous les garçons lui courent après, elle est la reine du selfies et cumul les abonnés sur son compte Instagram. Et il y a Cosmos, lui, vient de perdre sa mère. Son père lui interdit d’avoir un téléphone. Pour cela Cosmos c’est un peu le looser de l’école, est on l’appelle Cosmos parce qu’il est un peu perché enfin surtout il ne fait pas de selfies….

Tout est tellement bien raconté la vie des enfants, leurs colères, leurs erreurs, leurs amitiés et leurs amours. Les parents autour son parfois dans la même veine tout autant collés sur leur iPad ou leur écran. On apprend à les connaitre et surtout à les aimer, on finit par avoir envie d’être leur ami de leur expliquer qu’il faut tenter autre chose mais rien n’y fait, il n’y a rien d’autre dans le village que cette fichue antenne qui propage leurs jeux débiles.

Et puis, et puis, il y a un rebondissement Luna qui fait un selfie qu’elle n’aurait pas dû faire et un orage qui explose l’antenne du village.

Le lendemain c’est le silence le plus profond dans le village, laissant la place à un grondement sourd et profond de colère des jeunes découvrant la panne fatale de leur réseau de discussion.

Et là, vous l’aurez compris l’histoire bascule.

J’ai adoré car personnellement j’ai reconnu ce genre d’endroit, il y en a pléthore en France de village où nous passons quelques jours d’intenses activités et desquels nous repartons sans en avoir reconnu le moindre habitant. Parfois, il suffit de rester quelques jours après les vacances pour en comprendre toute la désertification et rencontrer enfin ces jeunes qui permette à ces villages de continuer d’exister.

J’ai adoré ces jeunes, leur vie leur quotidien et comment ils arrivent finalement à se retrouver, à se connaitre autrement que par l’image. Luna et Cosmos vont enfin se rencontrer et ces deux-là vont insuffler un nouveau regard à toute la bande de jeunes et d’une certaine manière il vont grandir, murir.

Voilà c’est vraiment une histoire de la vie des jeunes très inspirante.

Le dessin est particulier un peu sombre avec des tracés d’un noir profond qui sont ravivés par des tons ocres.  Ces du dessins semi réaliste, les personnages sont taillés durement mais les décors sont très aboutis et les paysages sont là pour nous ancrer dans l’histoire.

Des paysages sur des doubles pages qui nous restituent l’ambiance hors saisons de ce village.

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