La République du Crane de Brugeas et Toulhoat
La république du crane c’est une bande dessinée pour jeunes adultes qui parle de pirates et qui débute, un peu comme un documentaire historique. D’ailleurs au vu des planches, des dessins et du déroulé de l’histoire, je pense que c’est plus un film historique qu’une bande dessinée. Cela commence par une préface des deux auteurs qui nous raconte un peu l’histoire des pirates c’est instructif et nous prépare à la suite. Il faut vraiment lire cette préface pour rentrer et s’absorber de la vie de ces pirates.
La BD commence avec ce qui me semble être un 1er niveau de lecture. C’est le journal d’un des protagonistes. Il s’entretient tout au long du récit avec un commodore imaginaire, l’officier qui peut être, un jour, le pendra haut et court. Car ces pirates le savent très bien ils sont recherchés sur toutes les mers et à moins d’un peu de chance, ils finiront certainement pendu ou au fond d’une geôle.
Le deuxième niveau de lecture, c’est la bande dessinée qui nous raconte la vie de ces pirates. Et quelle vie, on embarque dans une épopée vertigineuse qui nous mène des Antilles en mer des caraïbes jusqu’aux côtes africaines.
C’est une fresque historique sur l’histoire et la vie des pirates. Je ne vais pas vous raconter l’histoire inutile de spoiler. Alors, bien sur, l’histoire est belle et romancée mais ce qui fait tout l’intérêt de cet album c’est le quotidien des pirates qui est ici expliqué, commenté et argumenté tout au long des différentes planches de dessin.
Les pirates étaient-ils vraiment ces hommes sans foi ni loi que l’on a pu nous montrer dans certains livres d’histoires ?
Ou étaient-ils, surtout des humains essayant de survivre dans un monde difficile, un monde dans lequel ils ne sont rien que des pauvres gueux tentant de rester libre dans un monde dominé par la société des riches de ce monde.
Ces navires dans lesquels ils vivent ce sont des communautés libres et égalitaires, tout au moins c’est ce que veut nous montrer l’auteur et il y arrive bien. Tout au long de l’histoire, il nous montre et nous explique ce pourquoi une vie d’oppression se libère par la violence. Ce peut être de pauvres soldats ayant tout perdu ou des esclaves se libérant de leurs chaines, les chaines des uns ne sont pas aussi violentes que celles des autres mais dans les deux cas, il y a des chaines qu’ils ont voulu briser et qu’ils n’ont pas reproduit.
C’est pour moi, un roman politique et historique qu’il faut absolument lire parce qu’il est beau et donne espoir en la force des pauvres qui s’unissent.
Les personnages sont généreux, captivant mais surtout attachant. Ils nous emportent avec enthousiasme et on les suit avec fascination jusqu’au bout de leurs aventures.
Concernant, le dessin. Quelle merveille que ces bateaux immenses, voir vertigineux, ils sont ici, représentés dans toutes leurs grandeurs. Le dessinateur a su dans cette page au contours restrictifs nous faire aborder le pont d’un immense bateau au milieu d’un océan sans limite.
On s’y croirait à la barre ou au plus haut du mât à contempler l’horizon ou dans la tempête en fond de cale à subir les assauts de la mer.
Vraiment c’est très impressionnant de dynamisme et c’est en cela que j’aime à comparer cette BD à un film. Les cases se déclinent comme une diapositive dans l’action ou comme un tableau dans les moments de détente. C’est captivant d’agitation et puis d’un coup c’est la fin d’une action et enfin on souffle avec apaisement. Et les couleurs sont là pour nous accompagner tour à tour chaudes énergiques puis fraiches voir apaisantes. Ainsi au détour d’une page, le dessinateur enfreint les règles de la couleur du ciel et de la mer pour nous éveiller aux charnières de l’histoire. Et ça marche, inconsciemment ce détournement de couleurs nous amène dans un autre espace de pensée, on ne lit plus l’histoire, on est dans l’histoire et ça franchement c’est vraiment bien fait.
Bon, pour la fin parce que c’est vous je vous en dit le synopsis :
Cela se passe aux Bahamas, en 1718. Le capitaine pirate Sylla, son quartier-maître Olivier de Vannes et ses hommes, prennent possession d’un vaisseau anglais. Et là, au lieu de massacrer les membres de l’équipage, nos pirates leur proposent de se joindre à eux. Et ce, au nom des principes qui sont les leurs : liberté, démocratie et fraternité.
Voilà, je vous propose d’aller vérifier à la lecture de cet album ce que sont les valeurs de liberté, démocratie et fraternité.